Ces deux magnifiques parcs de Jasper et de Banff et leur promenade des glaciers c’étaient bien faits désirer avec les conditions que l’on sait. Mais voilà qu’au moment où je dois les quitter, ils semblent ne plus vouloir me laisser partir!
Jugez plutôt.
J’avais comme ambition pour continuer mon périple de suivre la Great Divide Road, plus long sentier au monde dédié spécialement au Mountain bike et reliant le Canada au Mexique en suivent au plus proche la ligne de partage des eaux.
Mon anglais étant ce qu’il est, j’avais naïvement pensé que mon vélo pouvait entrer dans cette catégorie…
Je décide donc de quitter Banff de bon matin par ce sentier. La réalité m’a rattrapé, bien aidée par un accès de lucidité…
Les vingt premiers kilomètres que je parcours sont paisibles et magnifiques au milieu de la forêt et des montagnes
mais éprouvants: chemin de graviers avec de fortes pentes qui, malgré les conseils techniques -retenus- de l’ami Louis, m’imposent de poser le pied à terre plus souvent qu’à mon tour! Ils me prennent ainsi plus de deux heures…
C’est là que la lucidité intervient: force m’est de constater qu’avec mon équipage et mes capacités, ce programme s’annonce ardu et sans nul doute dénué de plaisir.
Leçon retenue: Mountain bike=vélo de montagne ou VTT et non randonneuse et quarante kilos de bagages et vivres…
Je me rabats donc sur la route.
Arrive la deuxième mésaventure du jour.
Jusqu’ici, la route à suivre était assez simple et ne pouvait guère prêter à erreur ou confusion: il n’y avait pour ainsi dire pas trop de choix, tout droit!
Pour me guider, je décide d’utiliser ici la fonction vélo de mon application map.me (très bonne au demeurant) pour me permettre de rallier, depuis le parking que j’ai pu rejoindre, la route qui me conduira aux US.
Grosse erreur présentement! Je commence par une belle route surplombant la vallée. Elle laisse sa place à une route gravillonnée qui se transforme rapidement en chemin de forêt pour finir en minuscule sentier glissant et pentu: grosse galère! Et, immanquablement, gadin… Une grosse racine bloque ma roue avant et me voici survolant mon guidon. Moi gisant d’un côté, mon vélo de l’autre. Aïe!! Plus de peur que de mal. Mon vélo n’a rien et moi seulement ces quelques éraflures
et maculé de boue. Me voici conforté dans ma résolution: ce sera route uniquement. Asphaltée ou gravillonnée mais route!!
Je finis par rejoindre la Trans-canadienne (autoroute reliant les cotes pacifique et atlantique du Canada) mais je suis bloqué par un grillage et plus loin une rivière ! Je vous le dit: quand ça ne veut pas… Je finis par trouver un passage en escaladant un bon gros talus puis un gué. Ici s’achève les péripéties du jour, adieu Jasper et Banff.
Je roule vingt kilomètres sur cette désagréable voie puis bifurque vers une petite route qui grimpe en territoire Kananaskis (population native) au milieu des montagnes. La route est magnifique, déboires oubliés!
Mon arrêt dans un centre de visiteur me permet, sur les conseils avisés -et la carte donnée- de la Ranger, d’y voir plus clair pour la suite.
Bien souffert lors de cette journée mais un arrêt dans un camping avec douche et machines à laver pour décrotter le bonhomme et son habit de lumière et c’est reparti!
Et de quelle manière!
La route empruntée est absolument magnifique avec les montagnes abruptes qui l’entourent.
Pour ne rien gâcher, elle est quasi déserte! C’est ici beaucoup plus vallonné que sur la promenade des glaciers (ma randonneuse franchit même pour la première fois la barre des 2200m)
et c’est un réel bonheur de rouler sous le soleil, d’abord sur le bitume puis sur une route gravillonnée où là je suis pour l’occasion presque seul au monde!
Pour parfaire cette superbe journée, au dernier col du jour (2027 m), j’ai la joie de tomber sur une jolie petite marre sans prétention qui nous tend les bras, à mon vélo, ma tente et moi! Après les jours de pluie qui m’ont imposé l’hôtel puis la semaine dans les parcs qui eux m’ont imposé les campings, c’est avec un grand sourire que j’accueille cet endroit.
Quelle kiff de se retrouver seul en pleine nature!! (bon, une fois bien installé, je consulte la carte pour faire le point et apprend que cette marre répond au doux nom de « marre de l’ours », intéressant …)
Levé de soleil et couché de lune sur la marre de l’ours, qui ne m’aura pas embêté…
S’ensuit une première journée de transition assez étonnante. Je commence par dévaler les Rocheuses
et perds ainsi 700 mètres d’altitude en à peine quinze kilomètres d’une très belle route gravillonnée qui me fait rejoindre la route 22 qui descend plein sud au milieu de ranchs. Plaines immenses,
tracé frôlant la rectitude (bon d’accord, pas sur la photo…) et fort vent contre
Après cinquante kilomètres de bon vent contre, on l’informe de possibles rafales…
rendent la progression des plus laborieuses mais pas désagréable pour autant. La difficulté est plus pour s’approvisionner en eau et établir un campement.
En effet, concernant l’eau, il fait très chaud et lourd ce qui m’oblige à boire beaucoup. C’est la première fois que je consomme les cinq litres que j’emporte chaque matin. Pas moyen de trouver une rivière accessible. Heureusement, à ma pause dej’, une voiture s’arrête et me donne un litre, une autre me donne deux cannettes de soda (pas bon du tout mais je ne fait pas le difficile dans ce cas là!). Quand je vous dit que les gens sont sympas! Il va cependant falloir que j’augmente sérieusement mes capacités en eau pour ma descente vers l’Utah puis le Nevada qui s’annoncent encore plus chaud…
Ensuite, au regard de la topographie, difficile de se trouver un petit coin isolé pour planter la tente… le seul campement croisé ce jour sera le bon: situation idéale le long d’une rivière avec de petites rapides.
Elle est délicieuse et fait grand bien après cette chaleur! C’est un des meilleurs moments qui soit que de pouvoir se prélasser dans les lacs et rivières après une journée d’efforts…
Je me rapproche des US, sans doute ce soir ou demain matin, à suivre!